vous devez le savoir, j'ai toujours adoré ce que je nomme les "supports mort-nés" ou presque...
Dans cette famille grandissante, il y a les splendides & imposants LaserDisc, balbutiements du numérique sur les petits écrans du quidam fortuné.
D'ailleurs, j'ai commencé pour la WDA une collection de ces supports fous, que vous pourrez découvrir comme d'habitude sur le site, depuis la page des collections : Collection de LaserDisc.
Et justement, hier soir, en surfant, au détour d'un heureux clic sur les posts de mes contacts Facebook, je suis tombé sur le site génial d'un ami de l'association qui détaille quelques anecdotes techniques sur ces drôles de supports ( Le journal du lapin ). Aussi, en espérant que son auteur n'y voit aucun inconvénient et, comme à mon habitude, dans l'optique de pérenniser au maximum ces informations, je retranscris ici ces articles :
Premier article :
Lien original (avec d'autres photos HD) : De l’art sur les faces inutilisées des LaserDiscLe journal du lapin a écrit :De l’art sur les faces inutilisées des LaserDisc
Le LaserDisc a une particularité intéressante : tous les disques ont deux faces, mais tous les contenus ne nécessitent pas les deux. Et il existe donc différentes solutions. La plus intéressante, c’est ce qu’on appelle le « pit-art ».
La présence de deux faces est technique : les premiers DiscoVision (ancêtre du LaserDisc) n’avaient qu’une face mais manquaient de rigidité. La solution la plus simple a donc été choisie : coller deux faces. Comme une face ne contient que ~30 minutes (CAV) ou ~60 minutes (CLV), la majorité des contenus utilise les deux faces. Mais quand un contenu nécessite un nombre impaire de faces, les solutions sont imaginatives. La première solution – j’essayerai de développer un jour – est de prendre une face issue de rebut (erreur, film pas édité, etc.) et de la recouvrir d’un vernis. La seconde, la plus courante, consiste simplement à mettre un message qui demande de retourner le disque. La dernière, présentée ici, consiste à faire de l’art avec le disque.
Concrètement, l’aluminium des disques est coloré (en rose, doré, rouge, etc.) et des images sont gravées directement dessus, à la manière de LightScribe (et des autres). Les rares disques sont essentiellement japonais, parce que les animés ne prennent souvent qu’une face d’un disque (vous trouverez une liste, incomplète, sur ce sujet de forum).
J’ai trouvé un LaserDisc pour vous montrer (et la collection) mais c’est assez compliqué à montrer. En effet, le LaserDisc reste extrêmement réfléchissant et le contraste sur la face rose assez moyen. Mais c’est plutôt mignon et ça change de la tortue de Pionneer.
Second article :
Lien original (avec photos HD et vidéos YouTube) : LaserDisc Surprise : la « face morte » des DiscovisionLe journal du lapin a écrit :LaserDisc Surprise : la « face morte » des Discovision
Le LaserDisc est un format plutôt ancien, qui date de la fin des années 70, et les premières générations offrent quelques surprises. La plus intéressante ? Les « dead side », qui contiennent parfois des données plus ou moins aléatoires. La première génération de LaserDisc porte le nom de Discovision, et – contrairement aux disques plus récents – ne contiennent que des données analogiques. L’image, bien évidemment, mais aussi le son. Une des particularités des LaserDisc vient de la capacité assez limitée d’une face : environ 30 minutes en CAV, ~60 minutes en CLV (une technologie de codage plus évoluée). Comme vous vous en doutez, un disque se contente donc rarement d’une face et beaucoup de films demandent deux disques (ou plus). Mais que se passe-t-il quand le nombre de faces nécessaires est un nombre impair ? La première idée, évidemment, c’est de n’utiliser qu’une face, mais pour des raisons physiques et étant donné la taille des disques, ce n’est pas possible (les premiers essais de LaserDisc posaient des soucis avec une seule face). A l’époque, un choix a donc été fait : utiliser des faces « rebuts » pour les films qui demandaient un nombre impair de faces. Le fabricant des disques récupérait donc des faces inutilisées provenant d’autres disques et les recouvraient de vernis pour empêcher la lecture.
Bien évidemment, des petits malins ont découvert assez rapidement l’astuce, et il est possible d’enlever le vernis avec de l’alcool à 90°. Ensuite, c’est la loterie : on peut trouver des morceaux de films, de la documentation, des trucs jamais sortis, etc. La première chose à savoir, c’est que ça ne fonctionne que sur les Discovision : sur les LaserDisc plus récents, les fabricants remplissent les faces inutilisées avec un message demandant de retourner le disque (j’en parlerai un jour) ou des dessins. La seconde, c’est que c’est assez aléatoire.
Reste que le dead side, ça peut être amusant. Ce site qui recense les Discovision donne quelques exemples de choses qui n’existent que sur des dead side :
A Roman Family Dinner
The Andromeda Strain
Anne of the Thousand Days
The Sugarland Express
Bullitt
The Monkey's Uncle
The Prince and the Pauper
Volcano: The Birth of a Mountain / The San Andreas Fault
Mission to Love: The Call of Confirmation
J’ai essayé. Le matériel nécessaire ? Une lecteur compatible NTSC (normalement, ils lisent tous l’audio analogique) et bien évidemment des Discovision. Attention, il faut évidemment des disques avec une face inutilisée, ce qui n’est pas toujours le cas : selon le codage, le contenu peut rentrer sur un ou deux disques sans soucis. Sur les quelques Discovision récupérés à vil prix aux États-Unis, deux avaient déjà été nettoyés : Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band contient la première face d’American Graffiti, Going My Way (La Route semée d’étoiles), la seconde face de Jaws (Les Dents de la mer). Après nettoyage, le film Coal Miner’s Daughter (Nashville Lady) contient un manuel de voiture Pontiac et Jaws 2 (Les dents de la mer 2) une vidéo sur les voitures Chevrolet. J’ai deux autres films avec lesquels je n’ai pas réussi à lire la « dead side » : MacArthur (MacArthur, le général rebelle) et American Graffiti. Ceci dit, ils étaient rejetés directement au départ et un nettoyage approfondi à l’alcool à 90° permet au lecteur de détecter le disque, donc je ne perds pas espoir. Enfin le dernier, Jaws (Les dents de la mer) semble ne pas contenir de données : le disque ressemble à un miroir sans les informations facilement reconnaissables d’un laserDisc. Soit il est réellement vide, soit la couche de protection résiste bien.
La recherche de trucs inédits ou rares est assez amusante, et les Discovision ont peu d’intérêt en dehors de ça (et éventuellement de l’intérêt historique). En effet, la qualité de l’image est moyenne, les films souvent recadrés (les Discovision sont tous en format 4:3) et les défauts assez visibles. De plus, le son reste en analogique, sans la correction CX et souvent en mono uniquement. A part pour les amoureux de l’arrêt sur image (beaucoup sont en CAV, donc offrent un arrêt sur image propre), les Discovision sont donc à abandonner, surtout qu’une bonne partie des titres est ressortie plus tard avec les « raffinements » des LaserDisc (son numérique, format respecté, etc.) ou évidemment en DVD ou en Blu-ray.
Merci beaucoup à donc Mr Pierre DANDUMONT ( @DandumontP sur Twitter ) pour ses recherches et anecdotes.